Visite au centre pénitentiaire de Fresnes
Ayant travaillé pendant plusieurs années au Québec pour la mise en place de politiques de réinsertion sociale, j’ai souhaité faire une visite impromptue au centre pénitentiaire de Fresnes et d’exercer mon droit de visite parlementaire en rencontrant le personnel et les détenu•es.
Le constat de cette visite est sans appel : cet établissement témoigne d’un manque criant de moyens humains et matériels nécessaires à des conditions de travail et d’incarcération dignes.
La prison de Fresnes est un bâtiment construit en 1898 qui attend, encore aujourd’hui, d’avoir un vrai projet de réhabilitation aux normes actuelles.
Il n’y a pas de douches individuelles, l’état des murs et des sols sont dégradés par l’humidité et les cours de promenade ainsi que les parloirs ont déjà fait l’objet de condamnations par la Cour européenne des droits de l’Homme pour traitement inhumain et dégradant.
Face à cela, la réponse du Gouvernement se fait attendre, aucun projet de restructuration du bâtiment n’a été acté.
C’est pourquoi, suite à cette visite, j’ai interpellé le garde des Sceaux afin qu’une décision soit prise dans les plus brefs délais afin de lancer les travaux de restructuration attendue.
Une politique de sécurité publique nécessite un traitement digne des détenu•es qui doit également se traduire par la mise en œuvre de réelles politiques de réinsertion sociale à destination de la population carcérale.
Aujourd'hui, les places permettant aux détenu•es de participer à des activités scolaires et culturelles sont limitées par manque de moyens humains, matériels et financiers. Or, ces activités sont essentielles pour permettre une réinsertion sociale réussie à la sortie de détention.
Tout doit être fait pour que le temps de détention soit pleinement utilisé à cette réinsertion.
Je déplore l’absence de vision et d’une politique active en la matière. De nombreuses démarches administratives et d’insertion sur le marché du travail devraient être menées également en amont, les détenu•es étant souvent contraints d’attendre leur autorisation de sortie pour se rendre au pôle emploi notamment.
Enfin, le cas des surveillant•es est alarmant : près de 40 agents manquent pour atteindre le niveau d’effectif requis. Avec le contexte de crise sanitaire, l’accroissement de la population carcérale depuis 2022 et l’état délabré des bâtiments, les conditions de travail sont plus que difficiles pour des employé•es surmené•es. Or comme me l’a indiqué un responsable syndical, les conditions d’incarcération ont également un impact sur les surveillant•es.
Le centre pénitentiaire de Fresnes est un établissement de détention laissé à l’abandon depuis trop longtemps par le Gouvernement. Il est temps d’agir afin que la France, patrie des droits de l’Homme, assure un traitement digne et humain de ses détenu•es.